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Pour une initiative locale audacieuse


Nous ne sommes pas hostiles aux projets de rénovation urbaine à condition qu’ils prennent les moyens et le temps d’une vraie concertation. Comment penser une ville qui favorise la coexistence des usages, des publics et des moyens de transports ? Comment favoriser la rencontre de l’autre et le faire ensemble ? Ce n’est que très secondairement l’aménagement matériel de l’espace qui est en cause et bien plus les pratiques humaines à commencer par les pratiques professionnelles des agents municipaux ( qui limitent au maximum l’accès aux services et aux espaces) et des transports publics (qui interrompent au moindre prétexte le service au nom de la sacro-sainte « sécurité »).

Anticiper le changement global par des mesures au plan local et ne pas tout attendre du national et a fortiori de « l’Europe ».


Le droit d’innover et d’expérimenter n’a pas à attendre d’autorisation d’en haut. La question de la pauvreté, de l’insécurité sociale, de l’inégalité et de la démocratie paraissent hors d’atteinte à l’échelle locale sans une forte volonté de l’Etat national voire d’un consensus européen. Pourtant cette attitude attentiste reflète plus notre résignation actuelle qu’une réelle impossibilité.
A l’échelon d’une ville (et pour nous d’une métropole) il nous est possible :

1 – de faire un pas vers la réduction des inégalités de revenu en exigeant les transports publics gratuits comme à Aubagne ce qui aurait de plus l’avantage d’œuvrer pour l’augmentation de la mobilité, le désenclavement des «jeunes des cités » et leur « décriminalisation »(ils se font régulièrement interpeler pour fraude).

2 – de faire un pas dans l’accès au logement pour tous par une politique volontariste en matière de création de logements sociaux, de règlementation des loyers et de taxation des logements vides.

3 – de lancer les jalons d’une démocratie vivante à l'échelle locale et quotidienne.
De nouvelles aspirations sont apparues chez beaucoup de gens qui autrefois, subissaient silencieusement : être considérés, consultés et entendus. Pour cela, il faut redonner de la vigueur à l’idée démocratique très sérieusement discréditée par la pratique « représentative » consistant à donner un chèque en blanc tous les cinq ans à un élu chargé de penser et agir pour nous. Non que nous ayons beaucoup d’illusion sur les propositions de démocratie directe et d’assemblées spontanées et permanentes. Beaucoup d’entre nous ont suivi les indignés, les nuits debout, les assemblées, comités et collectifs … l’activisme épuisant des « permanents » éloigne rapidement la majorité pourtant de bonne volonté et même participante au départ. Ces mobilisations éphémères retombent laissant place à quelques cris dans la nuit… et les « élus » et les institutions reviennent une fois le « calme » revenu.
Il nous faut donc inventer quelque chose de nouveau qui s’impose avec fermeté et permanence aux « institutions représentatives ». Cette invention démocratique a plus de chance de se faire et de durer à l’échelon local. Donc inventons la démocratie durable de quartier (ou d’arrondissement) et une fédération à l’échelle de la ville.
Ce qui peut lui donner la capacité de concilier ancrage local et diversité avec rigueur et permanence c’est de se nourrir non de consensus et de vote majoritaire comme les « institutions représentatives » mais de conflictualité de basse intensité. Lorsque l’on débat, on découvre d’autres points de vue. Lorsque certains s’expriment pour la première fois et maladroitement, cela encourage ceux qui se taisent à parler.
A condition que l’on s’écoute et se respecte, que l’on apprenne à contenir les bavards et que ceux qui en sont capables, synthétisent à la fin et ne brusquent pas la décision. Prendre plaisir à débattre, écouter, découvrir et s’exprimer, voilà ce que nous devons apprendre à faire à l’échelle la plus petite de la rue et du quartier.